lundi 14 décembre 2020

J'écris

 Je ne recherche rien 

Dans la grandeur de l'existence.
Ni les fruits que je mange,
Ni les yeux que je pose sur le grand lin de la nuit
Ne me feront goûter au plaisir suprême
De l'éternité.
Et sans toucher
Tout ce qu'il m'est donné de ressentir
J'écris
Pour ne pas oublier.

Je ne recherche rien
Dans la petitesse de mon existence,
Que la satisfaction fugace
D'avoir pu comprendre
Une fois,
Ceux qui comme moi
Traversent un jour la lumière
Et s'éteignent quand s'éteint
Sous les grands ormes noirs
L'ultime lueur du soir

Et sans toucher
La terre quand j'erre en mes pensées
J'écris,
Pour ne pas oublier que la beauté
Couche ses traits dans l'immense inconnu
Où baignent immaculés
Les jours qui me sont impartis

vendredi 1 novembre 2019

Infernales
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Ce n'est pas que le temps manque à qui le pourchasse
C'est qu'il erre endémique en d'autres cavités
Où s'ébattent des dieux et des femmes qui, lasses
Montrent de pales dents et des vulves penchées.

Là les seins ploient le lin qui s'étire en deux bols
débordants d'un nectar dont la source profonde
Aride et mortifère, coule avare, inféconde
Et qui jamais goûté, enfle une ample coupole.

Ni dieux ni maîtresses ne lient leurs natures
Et les verges courbées trempent d'autres contrées
Qui sèches, versent d'autres liquides matures,
Enfantant des serpents aux fourches volontés.

Là dans l'eau qui croupit de ne jamais couler
Pourrit un vieux cadavre sans tête et pâli
Sous le rire lointain que formule une houri
Et sous l’œil impassible d'un dieu fatigué.

Partout grondent leurs ventres fendus et gonflés
On peut les ouïr en mer quelque fois que la nuit
Un navire embrasse le récif et brisé
Glisse avant de mourir dans l'eau triste et rougie.

Ce n'est pas que le temps manque à qui le pourchasse
C'est qu'il erre endémique en d'autres cavités
Où nos lits sont gardés par de torses beautés
Et de libres démons paresseux et voraces. 


mercredi 11 septembre 2019



Nocturne (I)
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Par delà l'océan qui ondule en l’éther
Parait un blanc nuage aux douceurs familières
Chacun de ses élans ainsi qu'un fin vêtement
Semble naître et mourir au gré de l'harmattan

Elle part au matin, elle arrive la nuit
Comme si accablée par le temps qui ne sait
Ni répit ni repos et qui toujours s'enfuit
Elle avait d'autres lieux où tisser ses méfaits

Mais je sais, fleur de lys que tu baignes ta chair
Dans une seule cuve où les larmes de ceux
Qui un jour ont cru voir un autel en tes yeux
S'évaporent et jamais ne rejoignent la mer.

Ô divine maîtresse je sais où j'irai
Si toujours j'idolâtre ta triste parole,
Je mourrai en voulant atteindre ton sommet
Et mon sang se perdra dans ta mare d'oboles. 





Liberté
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J'ai le droit de nouer mes cheveux en de fines tresses de la couleur de la nuit en été
Et de porter haut la latitude de mes rêves
Et si je crie contre les murs ce n'est ni la violence 
ni ma nature étrangère qui me poussent
mais ma liberté d'exister

J'ai le droit de tisser les pans de mes doutes en des pagnes de la couleur de l'automne
Et de manger de mes mains des nsafus amers
Et si je veux demain saisir le temps que tu laisses filer
pour contempler le ciel depuis ta position
laisse moi faire
C'est ma liberté d'exister


J'ai le droit de fleurir la tombe de mes ancêtres de la couleur de la neige en hiver 
et de consacrer la terre sèche qui a vu naître mes souvenirs
et celle plus douce qui a porté mon ombre
au rang des merveilles 
Je ne suis ni d'ici ni de la bas
et si je pleure, l'eau qui saoule mes pays 
fait éclore des printemps semblables
qui dans leurs hauteurs se rejoignent et éclairent ici-bas
ma liberté d'exister



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Ici bas les toiles de lin ondulent calmement 
Aux fenêtres les femmes dessinent des angles édulcorés 
Nous ne courons plus, rassasiés par des hautes couleurs 
Qui terminent leur envol a la cime des arbres

L'été déroule ses derniers pans
Feu ! L'automne épanche sa coulée
Et repend sur les toits la douceur de la mort

Un jour j'irai t'etreindre Avallon
Et le lin continuera d'onduler  
Et les femmes feront des angles plus doux 
Je contemplerai de ma hauteur la vieille Garonne 
Qui poursuit toujours sa cadence 
Un deux, un deux,
Trois 
jours après je reviendrai

lundi 1 octobre 2018





Brumaire
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Ohé l'ami
Tes cales sont pleines et ton torse est nu
j'accours
comme un vieux roi vers sa mère

Ou c'est toi qui vient
(Les perspectives sont rompues)

Nous sommes deux et tes cales ploient 
viens que je t'aide
Un peu de bleu pour la mer qui toujours est égale
et du blanc pour la terre qui meurt
séchée par l'eau qui séchée enfantera 
les fleurs fragiles du retour



mardi 19 septembre 2017










De la dernière pluie
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Il pleut de l'eau qui perce les choses
     Ce sont des cordes tendues entre ciel et terre.
     L'erreur est de vouloir les attraper
     - C'est par capilarité qu'on remonte -

     Qu'on s'imbibe donc !
     Allons chercher ces voeux que l'on lance
     Et qui ne nous reviennent jamais
     Puisque c'est aux cieux que boomeranguent
     les bris hagards de nos songes




dimanche 9 juillet 2017




Les alcooliques

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Un air diaphane au lie de vin
puisque saoule est la nuit 

Chaque erreur est un prétexte 
et le principe est de toujours se tromper
pour que reste a nos corps un parfum d’évaporation
liquoreuse





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Je fête l'été comme on fête quelque part un enfant
Juin saillit des ombres et puise à l'or une inspiration
Nous, nous rions des jours étanches
sous un grand chapeau jaune
Qui demain pliera sa paille molle pour septembre abreuver





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lundi 5 juin 2017







Vacuité

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Je ne grave pas les pierres moi
Je plie le sable 
Et j’y inscrit mon nom.







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Dans la cendre ou la fange, latente, alanguie
Belle houri comme un diable au dessein infléchi,
Douce à qui te méprise et cruelle à qui t'aime
Qu’égraines-tu, patiente, et qu’est ce que tu sèmes ?

Sur ton ventre innocent court un lierre immortel
Et sur ton sein fragile, une goutte de miel.
À ton noble abandon se murmure un désir, 
Tout comme le supplice poursuit le martyr.

On te voit solitaire, une ombre vaporeuse
Récitant doucement dans la nuit un rosaire
Tu égraines nos jours dans tes mains de voleuse
Et tu sèmes nos corps dans ton jardin de pierres

jeudi 2 mars 2017


À mon arbre.

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Le repos dans tes bras
Avait l’odeur du paradis
Maman.

Et demain quand tu te reposeras aussi
Dans les bras de l’éternité,
J’aimerais que tu goutes à mon privilège.

Je voudrais donc :
Embaumer ton corps des herbes du jardin de ta jeunesse,
L’entourer des bandelettes du lin des robes que tu aimais,
Consacrer ta demeure dans la demeure des oiseaux,
Et entendre chaque matin se réveiller ta voix,
À l’heure où du ciel se réveille celle des oiseaux.

Et je voudrais en dernier, creuser dans ton tombeau
Un trou, tout petit, de la taille d’un enfant
Où je glisserais silencieux pour dormir,
Dans la demeure que sont tes bras,
Dans l’éternité qui nous saisira.
Et alors je pourrai m’endormir à mon tour
Au creux de toi,

Baigné du parfum émanant du paradis de ton amour.

dimanche 20 novembre 2016

Sous les ifs



Ô tonne un peu ta voix frêle et brune
Et caresse aussi nos ombres aplaties
Nous dormons, deux sous les ifs à baies
Le temps joue des heures à sa guise coquine

Une ligne floue conspire un projet congru 
A l'orée d'un bois où les fièrs élans
Cachent au tiers leur leste nature
Et s'échangent comme de vieux sortilèges

Nous sommes ici, aux dieux des âmes égales
En long du sol qui s'étend et divulgue déjà
Aux sous du bois vertical un message

"Le temps joue des heures à sa guise coquine
Mais jamais ne sépare dès ce jour
Les destins joints et purs"


lundi 3 octobre 2016


Divine saison
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L’automne souffle l’or sur le temps
suspendu.
Nous marchons vers un jour 
où les choses mourront.

Je voudrais un peu que le ciel 
reflète à son tour la terre ambrée
comme l’eau qui court,
mais le ciel ne sait voir
que lui.

Alors l’automne apporte sur Terre
la couleur des dieux
aux choses des hommes
et permet une saison,
que nous contemplions ici bas
ce que garde ce ciel
d’orgueil. 

vendredi 2 septembre 2016

Loukina

Vous cachiez dans la nuit votre noire pudeur
Les sillons saouls et mous de vos hanches lascives
Et vos yeux réverbères éclataient deux ogives
(Qui me hantent, me suivent, me blessent et me meurent)

L'eau troublée de vos pieds qui la fendirent' un peu
Faisait un jupon noir à vos chairs insoumises
Et giclait votre gorge' quelque fois que la brise
Dégageait de vos seins vos opaques cheveux

Je restais à la rive,  un ami silencieux
(Et les palmes tapirent' le forfait de mes yeux)
Et le pâle soupir de la mer effaçait

La rumeur douce et fraîche du vent des secrets
Nous étions deux dans la pénombre à contempler
La farouche beauté de vos dix-sept années

lundi 29 août 2016

Loukina

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Vous cachiez dans la nuit votre noire pudeur,
Les sillons saouls et mous de vos hanches lascives
Et vos yeux réverbères' éclataient deux ogives
(qui me hantent, me suivent, me blessent et me meurent)

L'eau troublée de vos pieds qui la fendirent' un peu
Faisait un jupon noir à vos chairs insoumises
Et giclait votre gorge' chaque fois que la brise
Dégageait de vos seins vos opaques cheveux.

Je restais à la rive un ami silencieux
(Et les palmes tapirent' le forfait de mes yeux)
Et le pâle soupir de la mer effaçait

La rumeur douce et fraîche du vent des secrets.
Nous étions deux dans la pénombre à contempler
La farouche beauté de vos dix-sept années.




mardi 9 août 2016

Carnet, jour 1

Le vent ici rend fou
Et la folie douce
Crache parfois une flamme.

Il y a ici
Plus d'arbres que d'air
Plus de peine que de cris.

Les oiseaux ne dorment plus
Sous le jour qui nous pèse,
Vous cédez une jambe à la mer.

Je ne vous aime plus
Comme un vieux jour d'automne
À paris.

Qui sommes nous désormais
Dans la forêt muette ?
Deux étranger qui font leurs bagages.

Adieu,
Le vent ici rend fou
Et la folie naissante
Cache parfois une femme.

dimanche 12 juin 2016

L'été arrive


L'été arrive à ma fenêtre 
par l'odeur d'une sauce tomate
par la lumière qui peint ma cour
par les volets toujours ouverts

L'été arrive à ma fenêtre 
comme un petit vieux sur un banc 
comme un cheveux contre la nuque 
comme le matin après la nuit

L'été arrive à ma fenêtre 
dans les jupons de la voisine 
qui se reposent au vent d'autan
et je m'endors à son murmure

L'été arrive à ma fenêtre

mardi 31 mai 2016

Lama sabachtani

^

Non mon père
Tu ne seras pas enfoui 
Dans une poche sous la terre.


J'ai prévu pour toi 
Une grande croix 
Et une coupe en or froid.


C'est ainsi que s'en vont, ceux qu'on a admirés.

Je reviendrai déposer 
Parfois 
Un regret à tes pieds, une branche à tes bras


Et  je m'en irai 
Toujours 
Ignoré d'un regard qui jamais ne m'a vu. 

vendredi 6 mai 2016

1940

Le dernier train est passé

Deux trois chats, deux trois arbres et mes pas noctambules,
Bruissent.
Les carrés clos dorment
Mais les miens ne se reposent plus.

Le dernier train est passé

Je ne sais plus où aller, je vieillis.
Mais je crois entendre l'écho de tes balles contre mes tempes.
Quel ciel te regarde et quel vent te berce?
Et si je viens, me reconnaîtras-tu?

Le dernier train est passé

Sache enfant, que si un jour passe chez toi
Il en passe mille ici.
Le pays qui t'attend ne sait plus de jours qui ne soient longs
Et de nuits qui ne soient blanches.
Combien en conterai-je encore,
Seule à la station de ton retour?

Le dernier train est passé.

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Le dernier train est parti.

Deux trois chats deux trois arbres et mes pas noctambules
Bruissent.
Les carrés se closent, l'écart est grand qui m'éloigne de ces pièces où les gens déambulent.

Le dernier train est parti.

Où puis-je aller que je sois attendu?
Je ne sais plus.
A tant vivre, où je vais qui ne soit le tombeau?
Ivre, quel rage brûle les herbes minces de l'amour, et crible ceux dont le crime est d'être l'autre?
Si je rentre sauras-tu me regarder
Et si je reste ici, que suis-je?

Le dernier train est parti

Entends-tu, maman, comme je crie contre la nuit sourde
Et comme filent aussi les jours qui me tuent?
J'écris vois-tu, sur le temps une histoire commune
Qui éloigne les fils et vieillit les mères

Mon fusil est lourd - ou pèsent les munitions -

J'ai perdu l'espérance sur le quai du départ
Et je voudrais rentrer,

Mais encore,

Le dernier train est parti.